Selon la 15e édition du Baromètre industriel québécois publié par Sous-traitance industrielle Québec (STIQ), 40 % des entreprises manufacturières de la province ont réussi à accroître leur rentabilité entre 2022 et 2023, en grande partie grâce à des gains significatifs en productivité. Cette amélioration est en partie le reflet d’un léger relâchement dans la pénurie de main-d’œuvre : 48 % des organisations ont même réussi à augmenter la taille de leurs équipes d’au moins 5 %, un record depuis 2009.

Cependant, la route reste semée d’embûches. Véronique Proulx, PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), met en garde contre une vague imminente de départs à la retraite qui menace de bouleverser le secteur. Avec 27 % des postes en 2023 occupés par des travailleurs de 55 ans et plus, la relève se fait attendre, et la fidélisation des jeunes talents demeure un défi majeur (Les Affaires, 2024).

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) souligne que la diminution de la main-d’œuvre due au départ à la retraite des baby-boomers pourrait entraîner un frein de 8 % sur le PIB par habitant dans les pays de l’OCDE au cours des trois prochaines décennies. Néanmoins, les changements de comportement et les politiques, notamment en matière de participation au marché du travail et de productivité, ainsi que l’automatisation, pourraient jouer un rôle clé dans l’atténuation de ces défis (MEIE, 2024).

Ainsi, les entreprises de la Mauricie doivent naviguer entre l’optimisation des ressources humaines actuelles et l’adoption de nouvelles technologies pour soutenir leur croissance économique et garantir une productivité durable.

Optimisation des ressources humaines

Selon Julie Tardif, cofondatrice de la firme de consultants Iceberg Management, la productivité est un concept vaste qui englobe bien plus que l’amélioration des compétences techniques (Les Affaires, 2024). Elle inclut également le développement des aptitudes relationnelles et des capacités de résolution de problèmes au sein des équipes.

La première étape consiste à élaborer un plan de développement des compétences qui soit en adéquation avec les impératifs de l’entreprise. Julie Tardif recommande que ce plan soit global, touchant tous les départements, et pas seulement les ouvriers d’usine. L’établissement d’un comité d’amélioration continue peut aider à identifier les lacunes et à suivre les progrès réalisés en matière de formation des employés. La formation des gestionnaires joue également un rôle central dans ce processus. Les quelque 30 000 gestionnaires du secteur manufacturier doivent être préparés à anticiper les besoins de la transition vers une économie plus verte et numérique.

Pour mobiliser les employés, il est nécessaire de les informer que l’optimisation des ressources humaines est un objectif prioritaire pour l’entreprise.

« Il faut expliquer à quoi ça va nous servir, ces gains. Si c’est pour devenir un leader, par exemple, on vient créer un sentiment d’appartenance, de fierté à l’égard de la marque et de l’organisation. »

— Julie Tardif, cofondatrice de la firme de consultants Iceberg Management

Plusieurs initiatives peuvent aider les entreprises à optimiser leurs ressources humaines. Par exemple, Services Québec offre le Programme d’apprentissage en milieu de travail (PAMT) permettant de former des employés par la formule de compagnonnage en entreprise, et ce, tout en travaillant. L’organisation offre également le Programme de formation de la main-d’œuvre permettant aux employeurs d’obtenir de l’aide financière et de l’aide technique pour définir les besoins de formation, réaliser le projet de formation et évaluer l’efficacité de la formation reçue.

Adoption de nouvelles technologies

Selon le plus récent Baromètre industriel de STIQ, 73 % des entreprises jugent l’implantation des technologies numériques comme une priorité assez ou très importante (Les Affaires, 2024). De plus, la majorité des entreprises utilisent ou prévoient bientôt utiliser l’intelligence artificielle (IA). Selon un sondage de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA), 57 % des entreprises ont implanté ou comptent implanter des technologies d’IA, contre 36 % au printemps 2022 (InfoBref, 2024).

Les grands modèles de langage comme ChatGPT ont montré des résultats prometteurs depuis leur lancement en 2022. Ils ont amélioré la productivité dans des domaines tels que l’écriture, le codage et les tâches administratives. Des études ont révélé que l’utilisation de ChatGPT permettait une production plus rapide et de meilleure qualité, avec des bénéfices marqués pour les employés moins expérimentés (MEIE, 2024).

Les technologies d’analyse de données avancées permettent d’extraire des insights précieux à partir de grandes quantités d’informations, aidant les entreprises à prendre des décisions plus éclairées et à anticiper les tendances du marché. De plus, les plateformes de cloud computing offrent une flexibilité accrue, permettant aux entreprises d’adapter leurs ressources en fonction des besoins changeants.

L’automatisation et la robotisation, en particulier dans le secteur manufacturier, transforment les processus de production. Ces technologies permettent de réduire les erreurs humaines, d’augmenter la vitesse de production et de diminuer les coûts opérationnels. Les robots industriels, par exemple, sont capables de réaliser des tâches complexes avec une précision inégalée, ce qui augmente la productivité tout en améliorant la qualité des produits. En parallèle, l’automatisation des lignes de production et des processus logistiques contribue à une production à valeur ajoutée en se concentrant sur des tâches nécessitant une intervention humaine créative et stratégique, plutôt que sur des opérations répétitives.

Les entreprises qui intègrent ces technologies peuvent non seulement optimiser leurs opérations, mais aussi se positionner avantageusement dans un environnement économique en constante évolution.

Accompagnement

Bien qu’il existe de nombreuses options de financement pour la réalisation de ces investissements, la clé du succès repose souvent sur l’accompagnement. Un accompagnement adapté peut faire la différence entre un projet réussi, un résultat mitigé, ou même un échec. Celui-ci doit être global et intégrer tant l’optimisation des ressources humaines que l’adoption de nouvelles technologies. Une transformation technologique ne peut aboutir sans une gestion adéquate des compétences et des talents humains. Les entreprises qui bénéficient d’un accompagnement personnalisé pour naviguer à travers ces deux dimensions maximisent leurs chances de réussite.

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Sources :