Alors que le monde se prépare à la cinquième révolution industrielle, le Canada semble être à la traîne dans l’adoption de cette transformation majeure. Inspirée par des initiatives comme celle du Japon et des orientations de la Commission européenne, la vision de l’industrie 5.0 offre un aperçu fascinant de l’avenir du travail et de la société dans son ensemble. Cependant, le Canada doit faire des progrès significatifs pour s’aligner sur cette vision et saisir les opportunités qu’elle offre.

Qu’est-ce que la société 5.0?

La société 5.0, définie comme une société centrée sur l’humain qui équilibre le progrès économique avec la résolution des problèmes sociaux, représente une étape importante dans l’évolution de notre monde. Cette vision trace la voie vers une société future où les avancées technologiques convergent avec les besoins humains fondamentaux.

La cinquième révolution vise à résoudre les défis sociaux en incorporant les innovations technologiques de la quatrième révolution industrielle dans tous les aspects de la vie sociale et économique. La société de l’information (société 4.0) a été marquée par le partage transversal des connaissances et des informations alors que la société 5.0 vise à aller plus loin en intégrant étroitement le cyberespace et l’espace physique. Cette convergence permet l’analyse et le retour d’informations en temps réel, ouvrant la voie à de nouvelles formes de valeur et d’innovation.

Source : https://www.japan.go.jp/abenomics/index.html, 2024.

Centricité humaine : une approche axée sur le travail de qualité

La Société 5.0 promet d’éliminer les disparités régionales, d’âge, de genre et linguistiques en offrant des produits et services adaptés aux besoins individuels. En libérant les humains des tâches répétitives et fastidieuses grâce à l’automatisation et à l’intelligence artificielle, elle vise à créer une société véritablement centrée sur chaque personne.

Le Japon a été en avance dans l’adoption de l’industrie 5.0, avec des plans annoncés dès 2016 pour une « société 5.0 » centrée sur l’humain. Dans cette vision, les machines et l’automatisation libèrent les travailleuses et travailleurs des tâches répétitives, laissant place à des activités à plus forte valeur ajoutée. Le Japon met en œuvre des initiatives telles que l’utilisation de robots pour aider les retraités à domicile et dans les établissements de santé, tout en introduisant de nouvelles technologies dans les secteurs manufacturier et énergétique. Des illustrations et exemples concrets sont démontrés dans le document japonais Realizing Society 5.0.

La Commission européenne a également joué un rôle de premier plan en publiant Industry 5.0 and the future of work: Making Europe the centre of gravity for future good-quality jobs qui définit une stratégie pour parvenir à cette transformation. L’une des principales conclusions est que le succès dans l’industrie 5.0 nécessitera le développement de compétences émotionnelles et générales en plus des compétences technologiques traditionnelles, et que cela exigera un apprentissage continu.

La centricité humaine dans l’industrie 5.0 implique que le déploiement de nouvelles technologies, de la robotique à l’intelligence artificielle (IA) et à l’Internet des objets (IoT), vise à autonomiser le travail des travailleuses et travailleurs. Cela nécessite une réflexion approfondie sur la coopération entre l’humain et la machine, ainsi qu’une redéfinition de la qualité de l’emploi. Pourtant, au Canada, les politiques actuelles semblent insuffisamment orientées vers cet objectif, avec des conséquences potentiellement néfastes pour la force de travail nationale. En effet, une méfiance persiste quant au fait que la technologie complétera le travail des travailleuses et travailleurs plutôt que de le remplacer. Cependant, dans le monde de l’industrie 5.0, la collaboration entre humains et machines devient indispensable. Les robots collaboratifs, ou cobots, sont déjà utilisés dans divers secteurs au Canada, mais leur adoption généralisée nécessitera un changement de mentalité. Le Canada doit élaborer une stratégie pour définir ce à quoi ressemblera l’industrie 5.0 dans son économie et sa main-d’œuvre. Il doit s’inspirer des initiatives comme celles du Japon, qui visent à résoudre les défis sociaux et économiques tout en augmentant la productivité et en créant de nouveaux marchés.

Résilience et rôle des compétences : préparer l’avenir du travail

Dans le cadre de l’industrie 5.0, la résilience revêt une importance cruciale. Les politiques doivent être adaptées pour garantir que les entreprises et les chaînes de valeur entières puissent s’adapter et prospérer face à des perturbations imprévues. Cela nécessite un investissement stratégique dans le capital humain pour superviser et gérer les technologies émergentes tout en tirant parti de leurs caractéristiques améliorant la productivité. En d’autres termes, il s’agit de développer des compétences complémentaires qui permettent aux travailleurs de s’adapter aux nouvelles technologies et de maximiser leur potentiel tout en assurant une transition harmonieuse vers l’avenir du travail.

Au Canada, des efforts sont déployés pour renforcer les compétences adaptatives et résilientes de la main-d’œuvre. Cependant, il reste des défis à relever. La rapidité avec laquelle les technologies évoluent signifie que les compétences requises sur le marché du travail changent également rapidement. Par conséquent, il est essentiel d’adopter une approche agile et proactive pour anticiper ces changements et garantir que la main-d’œuvre dispose des compétences nécessaires pour réussir dans l’économie de demain. Cela nécessite une collaboration étroite entre les entreprises, les établissements d’enseignement, les gouvernements et d’autres parties prenantes pour s’assurer que les programmes de formation et de développement des compétences sont alignés sur les besoins du marché du travail.

Durabilité : équilibrer les impératifs économiques, sociaux et environnementaux

La durabilité dans l’industrie 5.0 ne concerne pas seulement l’environnement, mais aussi les dimensions économiques et sociales. Cela exige des modèles d’affaires inclusifs et décentralisés, ainsi qu’une répartition équitable de la valeur créée. Pourtant, au Canada, les politiques actuelles semblent négliger cette approche holistique, ce qui pourrait compromettre la capacité du pays à prospérer dans un monde en évolution rapide. Il est urgent de développer une stratégie nationale qui définisse les objectifs et les mesures concrètes pour réaliser cette transition. Cela implique d’investir dans la formation et le développement des compétences, de soutenir l’innovation technologique et de créer un environnement propice à la croissance économique durable.

Alors que le monde se tourne vers la société 5.0, le Canada doit faire des choix stratégiques pour assurer sa compétitivité future et le bien-être de sa population. Cela nécessitera un engagement résolu en faveur de la centricité humaine, de la résilience et de la durabilité dans toutes les facettes de la politique industrielle et économique. En l’absence d’une telle orientation, le pays risque de rester à la traîne dans l’économie mondiale.

Source : Ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie. La cinquième révolution industrielle arrive, mais pas au Canada, 2023.

Note : L’image de l’article a été générée par l’intelligence artificielle.