Le développement durable (DD) repose sur trois piliers : économique, social et environnemental. Il s’agit de répondre aux besoins du présent sans compromettre ceux des générations futures. Bien loin d’être une contrainte, le DD est une opportunité d’innovation, de réduction des coûts et de renforcement de la compétitivité.

Lorsqu’on parle de DD, une fausse idée veut que ce soit surtout l’affaire des grandes entreprises. Pourtant, les PME constituent la majorité du tissu économique québécois et canadien. En effet, 98 % des entreprises au Québec et au Canada comptent moins de 100 employés (Labelle, 2024). Celles-ci sont responsables de près de 50 % des émissions de gaz à effet de serre et représentent 54 % de la consommation d’énergie dans le secteur des affaires (Labelle, 2024). Ces chiffres démontrent que sans l’engagement des PME, le DD ne peut être atteint. Face à ces constats, il est essentiel de reconnaître le potentiel des PME et de les outiller pour qu’elles deviennent des actrices clés de la transition durable, tout en renforçant leur compétitivité et leur résilience.

Les PME au cœur de la transition durable

Individuellement, chaque PME a une empreinte limitée, mais collectivement, leur contribution à la réduction des émissions de GES est immense. Les obstacles qu’elles rencontrent dans leur démarche de DD peuvent ralentir le processus, par exemple : manque d’outils et d’expertise, contraintes financières et humaines qui limitent leur capacité d’action, priorité donnée au court terme face à la pression opérationnelle quotidienne, etc. Cependant, ces défis ne sont pas insurmontables. Notamment, les PME disposent de la flexibilité nécessaire pour adapter rapidement leurs pratiques, innover et saisir les nouvelles opportunités qu’offre la transition durable. De plus, adopter une démarche durable apporte des bénéfices tangibles pour les PME :

  • Réduction des coûts opérationnels : L’efficacité énergétique et la réduction des pertes de matières permettent d’économiser sur le long terme.
  • Compétitivité accrue : Les entreprises responsables répondent aux exigences des clients, des investisseurs et des gouvernements en matière d’ESG (environnement, social, gouvernance).
  • Nouvelles opportunités d’affaires : Les marchés verts et les appels d’offres axés sur le DD ouvrent des perspectives inédites.
  • Attraction et fidélisation des talents : Les employés recherchent de plus en plus des employeurs engagés et alignés sur leurs valeurs.
  • Modèle d’inspiration : En s’engageant dans une démarche durable, les PME deviennent des modèles inspirants pour leurs clients, leurs employés et leur écosystème local.

Soutenir les PME dans leur démarche durable

Lors d’un webinaire d’Accès Entreprise Québec, François Labelle, professeur titulaire à l’École de gestion de l’UQTR et chercheur à l’InRPME, a présenté comment l’accompagnement des PME dans leur démarche durable doit être adapté en fonction de leur profil (ex. : réactives, traditionalistes, militantes, stratégiques). Un outil de sensibilisation et de diagnostic, La Boussole TD de la durabilité pour les PME, est disponible sur le site Web de Vigie PME afin de connaître le profil d’une entreprise. De plus, comme l’a souligné M. Labelle lors du webinaire du 18 avril 2024, d’autres facteurs contextuels, organisationnels et individuels, influencent l’engagement des PME en matière de DD. Par exemple, le seul facteur significatif associé à l’engagement des PME concerne son appartenance à un réseau qui promeut le DD.

Bien que le rapport final de l’initiative PME en transition, pilotée par Québec Net Positif, soit davantage axé sur les PME manufacturières, celui-ci offre un regard approfondi sur les leviers d’action pour soutenir les entreprises dans leur passage vers une économie sobre en carbone. À travers cette recherche-action collaborative, 7 recommandations clés sont mises de l’avant :

1. Renforcer les compétences

Développer les savoir-faire en DD des dirigeants, gestionnaires et employés des PME manufacturières, ainsi que ceux des acteurs clés qui les soutiennent dans l’écosystème économique.

2. Encourager l’apprentissage collaboratif

Mettre en place des formats diversifiés d’apprentissage pour acquérir les compétences nécessaires à une transition réussie, en promouvant la coopération, l’échange de connaissances et la cocréation de solutions pour des transformations justes, inclusives et durables.

3. Rendre la prospective plus accessible

Simplifier l’intégration des approches prospectives grâce à des outils concrets, des contenus adaptés et une méthodologie conçue pour répondre aux besoins spécifiques des PME.

4. Valoriser des parcours inspirants

Partager des histoires de réussite et des témoignages d’entreprises manufacturières qui ont entrepris des démarches novatrices, afin d’illustrer que la transition écologique est réalisable et motivante pour d’autres PME.

5. Améliorer l’accès aux informations stratégiques

Rendre les données climatiques et les bilans d’émissions de GES facilement accessibles, tout en facilitant l’orientation des PME vers des ressources pertinentes pour soutenir leurs démarches environnementales.

6. Intégrer la gestion du changement

Incorporer des approches de gestion du changement et des outils issus de la psychologie organisationnelle pour mobiliser efficacement les PME autour des actions nécessaires à la transition.

7. Optimiser l’utilisation des ressources et encourager la circularité

Mettre en avant des stratégies pour améliorer la productivité énergétique et matérielle tout en promouvant l’économie circulaire.

  • Productivité énergétique : Maximiser la valeur créée par unité d’énergie consommée grâce à l’optimisation des procédés, l’amélioration des espaces de travail et l’adoption de technologies plus efficaces, permettant ainsi de produire davantage avec la même quantité d’énergie.
  • Productivité des matières : Améliorer l’efficacité dans l’utilisation des matières premières pour produire plus avec moins, en réduisant le gaspillage tout au long de la chaîne de valeur.
  • Circularité : Encourager le recyclage, la réutilisation et le partage des ressources entre entreprises pour créer des cycles vertueux, contribuant à une économie sobre en carbone et à une utilisation optimisée des matières et de l’énergie.

En conclusion, le DD n’est pas réservé aux grandes entreprises, et les PME québécoises ont tout à gagner en s’engageant dans cette transition. En adoptant des pratiques durables, elles peuvent non seulement contribuer à la lutte contre les changements climatiques, mais aussi améliorer leur compétitivité, réduire leurs coûts et attirer des opportunités d’affaires et d’innovation.

Cependant, pour que ce potentiel se concrétise pleinement, il est essentiel de soutenir les PME dans leur démarche durable. Cela passe par un accompagnement adapté à leur profil, un accès facilité aux ressources et aux outils nécessaires, ainsi qu’un renforcement de leurs réseaux d’innovation.

Votre entreprise est prête à faire le premier pas? Contactez-nous pour connaître les différents outils et programmes d’aide qui s’offrent à vous.

Sources :

  • Labelle, F. (2024). « La transition des PME vers le développement durable : Une perspective stratégique ». Présentation dans le cadre du webinaire Accès Entreprise Québec.
    • Pour en savoir plus : Labelle, F. (2021). « Portrait de l’engagement des PME québécoises envers le développement durable et La Boussole TD de la durabilité pour les PME au Québec », Rapport de recherche, Institut de recherche sur les PME, Université du Québec à Trois-Rivières, Trois-Rivières (Canada).
  • Québec Net Positif (2024). « Rapport final : Réalités manufacturières, vers une économie sobre en carbone, recherche-action collaborative ». Réalisé par Katrin Hauschild avec la collaboration de (par ordre alphabétique) : Caroline Bouchard, Phar; Jérémie Bourgault, ADDERE Service-conseil; Sylvain Foulon, Excellence industrielle Saint-Laurent; Mélanie McDonald, Chemins de transition; Frédérique Mouly, Excellence industrielle Saint-Laurent; Melody Tim Yen, CRE Montérégie; ainsi que l’équipe de Québec Net Positif : Philippe Dessertenne, Anne-Josée Laquerre et Rachel Lefrançois. Section sur la veille règlementaire réalisée par Me Martin Thiboutot, avocat-conseil spécialisé en droit de l’environnement, Mc Millan. Volet – Facteur humain réalisé par Hélène Madénian Ph.D., professionnelle de recherche, Corinne Beauchemin D.Ps, psychologue du travail et des organisations, et Philippe Poitras M.Sc., analyste des politiques, cofondateur de Unpointcinq.ca et de Futur Simple.